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La manifestation est organisée par le Conseil supérieur de la langue arabe (CSLA). La présence de la langue arabe dans les sciences et dans les nouvelles technologies de la communication ainsi que sa place dans l’internet seront développées lors de cette rencontre, la première du genre.

Mohamed Larbi Ould Khelifa, président du CSLA, estime que l’arabe doit adapter le langage de la modernité pour ne pas rester en retrait. Il en veut pour preuve le nombre modeste des applications techniques éditées en arabe. Le CSLA travaille pour promouvoir le e-management dans le pays. Citant les exemples coréen et japonais, il relève que le développement d’un pays et l’acquisition du savoir ne peuvent se faire que par la langue nationale et non par une langue intermédiaire. « L’arabe et tamazight sont des langues nationales, le français est une langue étrangère », dit-il, soulignant que l’arabe est une langue de civilisation et de culture. « Elle ne reflète pas une ethnie et n’est pas antagoniste avec le tamazight. Les deux langues ont coexisté en harmonie depuis plus de mille ans », note-t-il. Il annonce qu’un Haut conseil de la langue amazighe va bientôt être installé. Il plaide pour éloigner la langue arabe des « considérations idéologiques, des préjugés et de l’enfermement dans le passé glorieux ». Selon lui, cette langue doit s’imposer par sa production culturelle et scientifique. Préférant parler de « francographes » et « d’arabographes », Mohamed Larbi Ould Khelifa dit travailler pour casser le mur de Berlin séparant les deux. « Cette séparation nous appauvrit. Il n’y a pas de langue en avance ou en retard, ce sont ceux qui la pratiquent qui font qu’elle se trouve dans l’un ou l’autre cas », dit-il, notant que la langue est un facteur de cohésion d’une nation. Selon lui, il existe trois catégories d’algériens : deux monolingues (arabe ou français) et une bilingue.

Citant une récente étude sur la réalité linguistique en Algérie, il relève que l’arabe se divise entre le parlé et l’écrit. S’ajoutent à cela le tamazight avec ses dialectes locaux et le français. Le français est utilisé par les élites culturelles et économiques. Il rappelle que l’arabe a subi l’exclusion durant la période coloniale. « L’action du CSLA prend en compte les souffrances liées à l’amputation de la mémoire subies par la génération post-libération nationale du fait de la négation de la personnalité nationale par le colonialisme », souligne-t-il. Au sein du Conseil, il existe deux cadres d’expression : « dialogue des idées » et « les chevaliers de la rhétorique », des espaces animés par des experts. « En 2008, nous avons installé une troisième tribune dénommée ‘’Une personnalité et son parcours’’, destinée à faire connaître des personnes ayant œuvré à promouvoir la culture arabe, ses sciences et ses lettres », précise-t-il. Il rappelle que le Conseil a élaboré une série de lexiques terminologiques comme les guides relatifs à la gestion financière, à l’informatique et à la conversation médicale. Des documents qui seront publiés également sous forme de CD-Rom. Une loi en phase d’élaboration devrait permettre la commercialisation des publications du Conseil. La traduction doit, selon lui, être l’affaire de spécialistes, pas de commerçants. Les relations du CSLA avec l’Institut arabe de la traduction, qui relève de la Ligue arabe, sont qualifiées d’excellentes par Mohamed Larbi Ould Khelifa. Interrogé sur les rapports avec l’Académie algérienne de la langue arabe, il a eu cette réponse : « No comment ! ». Il regrette le non-renouvellement de la composante du Conseil. Le mandat des 32 membres actuels était arrivé à expiration en 2003. Ancien ambassadeur d’Algérie au Yémen et en Iran, Mohamed Larbi Ould Khelifa a occupé par le passé le poste de secrétaire d’Etat chargé de l’enseignement secondaire et technique.

Par Faycal Metaoui, El Watan, 22 02 2009

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